« Sois agité, nerveux, sois le follement, Mais dans ta loge seulement ! ».
Immanquablement, je vais entendre: « la prise de parole, ce n’est pas pour moi, j’ai trop peur! », dit avec la conviction que pour d'autres, ce serait bien différent.
Et invariablement, je réponds : « Bonne nouvelle ! Le contraire serait embêtant! ».
La question ne se fait pas attendre : « Ah ? Mais alors comment faire pour s’en débarrasser?!»
Et invariablement, je réponds « Mauvaise nouvelle ! je ne vais pas vous aider à vous en débarrasser… »
Le trac, chez les comédien.ne.s et plus largement tout personnage de scène est inévitable et même souhaitable. Comment se pourrait il être autrement ? Se présenter au regard et au jugement de valeur d’un auditoire, à fortiori quand celui ci est nombreux et/ou impressionnant, n’est pas une situation quotidienne et se caractérise assez justement par une bonne dose de stress. Convaincre, intéresser, donner envie à un auditoire de vous écouter (et sur la durée) relève plutôt d’une performance qui n’est ni simple ni garantie. Prendre la parole en public représente donc un enjeu qui met la pression à sa seule évocation.
Sarah Bernhardt, une des très grandes comédiennes de notre histoire, à une jeune comédienne qui prétendait ne pas avoir le trac, lui répond : « ça viendra avec le talent! »
La peur est là. Elle est plutôt saine et vous aidera à vous dépasser. Chercher à la nier, à la dénigrer ou même à l’éliminer fait d’elle une ombre qui va au mieux vous rendre sans saveur, au pire vous saboter et parasiter votre expression. La considérer et faire avec, en fera une force et une puissance d’action propre à vous surpasser; vous surprendre même.
Les effets et la gestion de ce stress - ce qu'on appelle aussi "le trac"- ne devraient par contre pas concerner votre auditoire. L’auditoire, avec ses neurones miroirs, peut vivre empatiquement votre gêne. Ce qui est très inconfortable pour lui aussi (Vous le savez. Vous avez été vous même auditoire). Vous devez alors "cesser de l'être (nerveux) en face du danger".
Les questions à se poser seraient donc davantage:
Comment atténuer les effets inconfortables et parasites du stress ?
Qui, quelle présence, peut-il alors vous permettre d’incarner ?
Marjorie Hébrard.
Comments